Rabelais – « Science sans conscience » (explications)

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » François Rabelais

Cette citation est incontournable pour qui veut réfléchir sur la science. Mais que signifie vraiment cette phrase de Rabelais ?

Le sens que l’on donne traditionnellement à cette signification, à la lumière du vocabulaire du XXIe siècle, n’est pas exactement ce que Rabelais entendait.

Pour mieux la comprendre, nous vous proposons les interprétations possibles de cette citation, puis des éléments d’explications, ainsi qu’une mini biographie de François Rabelais.

Interprétations de la citation de François Rabelais

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » – François Rabelais

Au premier abord, elle peut être entendue comme un principe, qui préconise de maîtriser pour le bien de l’humanité la science par la morale.

Il s’agit de tenir compte du contexte : au XVIe siècle, science s’employait davantage comme synonyme de savoir, et conscience désignait plus les facultés de compréhension.

Ainsi, le conseil s’interpréterait plutôt comme « Les connaissances sans la capacité de compréhension, n’est que pauvreté de l’âme. »

Éléments d’explication de la citation

Cette citation est tirée de Gargantua, dont le titre complet décrit le thème : La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme

Dans ce roman, Rabelais raconte l’apprentissage de Gargantua, un géant. Il y critique implicitement, par un style cru et familier, la Sorbonne et son enseignement.

Courte biographie de François Rabelais

Rabelais François est né en 1483 environ, mort en 1553. Il suit une vie monastique, se passionne pour la médecine, qu’il enseigne ensuite. Il publie alors à la fois des ouvrages de connaissances scientifiques, et une oeuvre plus populaire : Pantagruel. Il découvre avec Hippocrate la thérapie par le rire. Il publie en 1535 (plus probablement que 1534) l’oeuvre Gargantua, avant de fréquenter l’Italie. Il meurt à Paris en 1553.

Culture générale : l’École

Culture générale : la Science

7 réflexions sur « Rabelais – « Science sans conscience » (explications) »

  1. Au XXI° siècle comme au XVI° “science” signifie “savoir”; au XXI° siècle comme au XVI° la conscience s’oppose à l’inconscience, à “l’incapacité de comprendre”; en ce siècle nouveau comme en celui de Rabelais “âme” est souvent synonyme d’“esprit”, et l’image “ruine de l’âme” se lit «esprit sans ordre, détruit dans sa structure». Bref, le sens de cette sentence est la même, sauf pour les esprits pauvres qui se limitent à une des acceptions de “science” et à une des interprétations de “conscience” pour attribuer un sens appauvri à une proposition riche de sens…

    1. Très juste.
      Comprendre est prendre en soi, ce qui ne suffit pas pour appréhender (saisir par le corps et l’esprit). Le sceptique est habité par le doute tant qu’il n’a pas pleinement appréhendé le sujet et l’objet. Ceci le laisse en principe toujours sceptique tant qu’il reste seul à flotter dans cette « sagesse » individuelle. Il faut croire pour dépasser le flottement et nager. Les scientifiques modernes croient sans peine, mais tout de même avec une pointe de doute scientifique, ce qu’ils entendent dans leur environnement et notamment dans des équipes, des colloques et des symposium. Et il nagent sans peine, ignorant de ce qui les porte et de toute l’assistance dont il bénéficie dans un environnement social bien plus large que leur objet d’étude.
      Cette proposition de Rabelais ne prendra pleinement son sens qu’en la sortant du problème individuel. La connaissance est une question collective, elle demande un peu d’humilité pour que la théorie et la praxis s’expriment enfin dans une pratique commune et non par une quelconque transmission de savoir, d’apprentissages voire d’objets techniques de confort.
      L’ignorance individuelle n’est pas le problème, le problème est ce que nous croyons et qui est faux.
      Rien à dire, rien à comprendre,
      Car comprendre c’est expliquer,
      Expliquer c’est déjà défendre,
      Et défendre c’est cautionner.

  2. Nous lisons cette pensée cinq cents ans plus tard, à une époque où le matérialisme s’affirme, où les valeurs spirituelles passent pour rétrogrades, où les statues de l’ile de Pâques ou de Carnac ne sont plus comprises. Il conviendrait de tenir compte du glissement sémantique qui en découle et alors, de réécrire : intelligence sans conscience n’est que ruine de l’âme. Cela aide à comprendre que l’appellation orgueilleuse de « l’intelligence artificielle » dont on se gausse est totalement dépourvue de conscience, alors que l’inconscient, c’est tout de même 90 % de notre masse cérébrale. Cet IA est donc un outil de pouvoir redoutable dont Rabelais nous a mis en garde il y a cinq siècles. Quel génie !….

  3. Je crois reconnaitre là la réponse à la question que je me pose depuis longtemps: que nous avait dit mon prof de Français ou de Philo, entre 1969 et 72, alors que la seule chose dont je me souvienne est que science sans conscience n’est que ruine de l’âme ne veut pas dire ce que l’on croit comprendre avec nos mots et notions contemporains ?
    Merci

    Puisque je suis là , je ne retrouve pas l’auteur et encore moins la citation qui disait qu’il était facile de tuer un homme au loin mais très difficile tout près de lui. J’ai un vague souvenir que ce pourrait être Pascal ou Chateaubriand . En tout cas il ne s’agit pas de Levinas avec le visage , qui s’en approche et que lm’a suggéré un de vois collègues, que je remercie (il faut que je retrouve son nom.. et blog )

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