Naissance et histoire du journal

10% à 12% des étudiants Sciences Po choisissent de devenir journaliste. Le journalisme occupe une place prépondérante dans les sociétés contemporaines, « quatrième pouvoir ». Alexis de Tocqueville en 1833 l’identifiait déjà comme une source de pouvoir dans De la démocratie en Amérique : pouvoirs central, exécutif, local, associatif, la presse écrite.

I. L’ancêtre du journal : la gazette


Périodique : c’est généralement un hebdomadaire et non pas un quotidien car un journal met du temps à parvenir dans les différentes provinces.
Les gazettes sont constituées de textes arides et répétitifs dont le récit est encombré de nombreux détails.
On a soit des feuilles manuscrits, soit des feuilles imprimées.
Des nouvelles que l’on fait circuler dans l’ensemble de l’espace européen.
La gazette est indissociable de l’information. L’information se développe au même moment que les populations s’ouvrent vers l’extérieur. Le commerce se développe, donc l’information se diffuse. Selon Chaunu, c’est « le désenclavement planétaire ».

II. Naissance de la gazette


La gazette est née en Italie pendant la Renaissance. L’Italie est lieu où part ce mouvement culturel, artistique. La gazette est née dans la seconde moitié du XVIe siècle.
En Italie : on a des cités qui ont un rôle prépondérant dans le monde du commerce, ce qui permet un développement de l’information, comme Venise, Florence, Gênes.
Elle est née au sein de la cour pontificale, car Rome est le siège de la papauté (le centre de tout avec le pape). La papauté crée le premier grand réseau diplomatique en Europe, et sous cette impulsion l’information va se développer.

Gazette édition de Reims

Une autre impulsion : naissance de l’imprimerie (permet la diffusion d’une plus grande quantité de gazettes). Plus on avance dans l’Epoque Moderne, plus les gazettes sortent sous forme imprimées.
Les nouvelles à la main : souvent des pamphlets (ou des libelles), sous forme manuscrite, qui restent très présent au XVIIIe siècle. Il est plus facile de diffuser des choses à la main : cela permet d’éviter la censure. Il est plus facile de se déplacer, de jouer de la clandestinité, pour diffuser ses nouvelles plutôt que d’aller d’endroits à endroits avec la machine à imprimer. En France, on a beaucoup cela.
Apparition de l’imprimerie : Cologne en 1464, Rome en 1467, Lyon en 1473, Bruges en 1474.
200 ateliers d’impression en Allemagne.

III. La Gazette de France de Renaudot


Date de création : 1631, en pleine Guerre de Trente Ans, la France a décidé de financer la Suède. L’absolutisme royal se met en place en France à cette époque. Richelieu renforce l’autorité du roi en France : c’en est fini du contre-pouvoir. La Gazette de France est un élément indissociable de l’installation de l’absolutisme en France.
Créateur : Theophraste Renaudot, conseiller et médecin de la majesté, maître et intendant général des bureaux d’adresse de France.
Forme de rédaction : imprimé, donc diffusion large.
Relation avec le pouvoir : le pouvoir royal est proche avec Renaudot car c’est le médecin du roi (il peut tuer ou sauver le roi d’ailleurs). Il assume aussi d’autres fonctions au sein du pouvoir royal et certains ministres écrivent dans son journal. Louis XIII participe parfois à des articles dans la Gazette : la relation est extrêmement forte, durant l’Ancien Régime, c’est le roi seul qui détient la vérité. C’est un organe d’information officiel.
Type d’informations : les guerres (paix, traités, batailles), la politique royale, la politique extérieure, les évènements importants. Le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille n’est pas mentionnée dans la Gazette de France pour ne pas montrer que le pouvoir royal est secoué (comme Renaudot est proche du roi), la révolte des Camisards dans les Cévennes entre 1703 et 1705 également (les protestants mettent à mal les troupes royales et le pouvoir royal). Cela, car on ne veut pas montrer qu’il est encore possible de sa battre pour la religion comme au XVIe siècle, de secouer le roi. C’est de plus la seule gazette autorisée du royaume : si on en crée une autre, on est dans la clandestinité, on est hors la loi.

IV. Succès et développement de la gazette en France


En août 1762, on a le sous-titre « organe du pouvoir royal » sur la Gazette de France.

La Gazette de France : 8 000 exemplaires au XVIIe siècle à Paris et en provinces. La gazette va devenir un monopole de l’Etat : la seule dans le royaume. Décision royale de 1635 où l’Etat lui accorde le monopole mais aussi l’hérédité de la direction pour lui et ses successeurs. Finalement, ça devient une charge/un office qui se transmet de père en fils. 1631, date de sa création, est l’année où la France entre dans la Guerre de Trente Ans après une défaite suédoise : si jamais le roi doit mourir, il ne faut pas que la gazette devienne une propagande contre le pouvoir royal (qu’elle tombe dans d’autres mains non proches du pouvoir royal qui pourraient critique le roi et le pouvoir royal par le biais de la gazette). Quand Richelieu et Louis XIII meurent, Renaudot perd ses protecteurs et donc n’a plus de protection. Il faut donc tout recommencer, se mettre dans les petits papiers du roi, etc.

Pendant la Fronde, plusieurs journaux sont tirés à Paris mais aussi dans les provinces. On se dit que le roi ne doit pas tout gouverner, on veut un peu de liberté. Après la Fronde, les exceptions disparaissent. La Gazette de Renaudot redevient un monopole.
Des nouvelles arrivent clandestinement de l’étranger, notamment de Hollande, et apportent une nouvelle vision de l’information. Mais l’information se fait aussi par l’oral, notamment avec la circulation des gens (on brasse du monde, on raconte les nouvelles à tous ceux que l’on croises).

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