Le rêve de l’harmonie naturelle

→ I. B. L’esclavage pour s’affranchir du travail

II. Respecter la nature dans son harmonie

A. Le rêve de l’harmonie naturelle

Dans la mythologie grecque, Orphée était le fils du roi Œagre et de la muse Calliope. Il pouvait charmer les animaux sauvages grâce à sa lyre. Il se maria avec Eurydice mais elle mourut. Pour la délivrer des Enfers, Orphée endort Cerbère avec sa musique. Il lui est accordé le droit de repartir avec Eurydice à la seule condition qu’il ne se retourne pas vers elle sur le chemin. Or en sortant des Enfers et inquiet du silence d’Eurydice, Orphée ne peut s’empêcher de la regarder. Eurydice disparaît définitivement, causant les chagrins d’Orphée.

« Une colline s’élevait, et sur cette colline, le sol, mollement aplani, nourrissait une herbe verte et touffue : mais l’ombre manquait en ces lieux. Sitôt que, se reposant à cette place, le chantre fils des immortels toucha les cordes sonores, l’ombre y vint d’elle-même. Soudain parurent et l’arbre de Chaonie, et les Héliades du bocage, et le chêne au feuillage superbe, et le gracieux tilleul, et le hêtre, et le laurier virginal. On vit paraître en même temps le coudrier fragile et le frêne guerrier, et le sapin sans nœuds, et l’yeuse courbée sous le poids de ses glands, et le platane ami de la joie, et l’érable aux nuances variées, et le saule des fleuves, et le lotus des eaux, et le buis toujours vert, et les bruyères timides, et les myrtes à deux couleurs, et le tinus aux baies d’azur. Vous accourûtes à l’envi, lierres dont les pieds se tordent ; vignes chargées de pampres, ormeaux que la vigne décore, frênes sauvages, arbres résineux. »

Ovide – Métamorphoses – Livre X

Orphée, le chantre fils des immortels, attire ainsi à lui la nature et la végétation, grâce à sa musique. L’idéal de la nature harmonieuse qui transparaît dans le mythe d’Orphée a été repris par Victor Hugo dans les Contemplations de 1856 :

« Orphée est courbé sur le monde ;

L’éblouissant est ébloui ;

La création est profonde

Et monstrueuse autour de lui ;

Les rochers, ces rudes hercules,

Combattent dans les crépuscules

L’ouragan, sinistre inconnu ;

La mer en pleurs dans la mêlée

Tremble, et la vague échevelée

Se cramponne à leur torse nu. »

Victor Hugo – Contemplations, 1856

Le rêve d’une nature en harmonie avec l’humanité justifie alors de se protéger des conséquences du travail, en reconnaissant d’une part que la nature est supérieure, et d’autre part que son exploitation mène à l’exploitation des hommes.

→ II.B. La vocation au travail

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