Bergson – Qu’est-ce qu’un jugement vrai ? (correction)

Le texte ci-dessous était un sujet de baccalauréat. Il n’y avait pas besoin de connaître la doctrine de Bergson, mais celle-ci pouvait vous aider à comprendre ce texte.

Texte à commenter

Qu’est-ce qu’un jugement vrai ? Nous appelons vraie l’affirmation qui concorde avec la réalité. Mais en quoi peut consister cette concordance ? Nous aimons à y voir quelque chose comme la ressemblance du portrait au modèle : l’affirmation vraie serait celle qui copierait la
réalité. Réfléchissons-y cependant : nous verrons que c’est seulement dans des cas rares, exceptionnels, que cette définition du vrai trouve son application. Ce qui est réel, c’est tel ou tel fait déterminé s’accomplissant en tel ou tel point de l’espace et du temps, c’est du singulier, c’est du changeant. Au contraire, la plupart de nos
affirmations sont générales et impliquent une certaine stabilité de leur objet. Prenons une vérité aussi voisine que possible de l’expérience,
celle-ci par exemple : « la chaleur dilate les corps ». De quoi pourrait-elle bien être la copie ? Il est possible, en un certain sens, de copier la dilatation d’un corps déterminé à des moments déterminés, en la photographiant dans ses diverses phases. Même, par métaphore, je puis encore dire que l’affirmation « cette barre de fer se dilate » est la copie de ce qui se passe quand j’assiste à la dilatation de la barre de fer. Mais une vérité qui s’applique à tous les corps, sans concerner spécialement aucun de ceux que j’ai vus, ne copie rien, ne reproduit rien.

BERGSON, La pensée et le mouvant, 1934

Corrigé de l’extrait de Henri Bergson

Il est question dans ce texte de la vérité. Henri Bergson (1859- 1941) a beaucoup écrit sur la vérité, et sur la durée.

Pour Bergson, nous faisons des affirmations réputées « stables » alors que le réel ne cesse de changer, autrement dit que le réel est instable.

Nous pensons la vérité comme une correspondance entre l’affirmation et la réalité.

Or comme nous venons de le voir, le réel (ou la réalité) n’a pas la stabilité que nous lui prêtons. Nos affirmations ne correspondent donc que rarement à la réalité.

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