La pensée politique de John Stuart Mill

John Stuart Mill a profondément influencé la pensée britannique du XIXe siècle et le discours politique de son époque. L’histoire a associé son nom à l’utilitarisme et la représentation politique. En effet, l’utilitarisme, prônant le « plus grand bonheur pour le plus grand nombre », a profondément influencé la pensée politique de Mill, qui dans On Liberty défend la liberté individuelle contre toute contrainte sociale injustifiée. Mill explore également la représentation politique idéale dans Considerations on Representative Government, arguant que la participation active et éclairée des citoyens est essentielle au progrès moral et intellectuel de la société. Avant de revenir sur sa pensée politique, quelques éléments biographiques.

Courte biographie de John Stuart Mill

John Stuart Mill naît en 1806. L’éducation rigoureuse qu’il a reçue de son père, James Mill, a favorisé à la fois son développement intellectuel (apprentissage du grec à trois ans, du latin à huit ans) et son penchant pour la réforme. James Mill et Jeremy Bentham ont dirigé les « Philosophic Radicals », qui prônaient la rationalisation du droit et des institutions légales, le suffrage universel masculin, l’utilisation de la théorie économique dans les décisions politiques, et une politique orientée vers le bonheur humain plutôt que les droits naturels ou le conservatisme. Son œuvre considérable couvre des domaines variés tels que la logique, l’épistémologie, l’économie, la philosophie sociale et politique, l’éthique, la métaphysique, la religion et les affaires contemporaines. Parmi ses œuvres les plus célèbres et significatives figurent A System of Logic, Principles of Political Economy, On Liberty, Utilitarianism, The Subjection of Women, Three Essays on Religion et son Autobiography. Il meurt en 1873.

L’utilitarisme et ses implications politiques

L’utilitarisme, apparu au XVIIIe siècle, se fonde sur le principe du « plus grand bonheur pour le plus grand nombre » comme finalité première en morale, politique et droit. Une société politique juste vise ainsi le bonheur collectif. Les utilitaristes, également appelés radicaux en contraste avec les libéraux, ont contribué de manière significative aux débats politiques en Angleterre sur des sujets tels que l’avortement, le système social et l’éducation. Bien que les radicaux aient émergé parallèlement aux idées du mouvement socialiste, il n’existe aujourd’hui aucun parti explicitement utilitariste.

La liberté et ses limites selon John Stuart Mill

Dans son ouvrage On Liberty, John Stuart Mill se présente comme un défenseur du libéralisme, affirmant que la politique doit protéger les intérêts individuels. Toutefois, il questionne l’étendue de l’intervention de l’État dans ces intérêts. Mill propose le « principe de non-nuisance » (harm principle), selon lequel la société ne peut légitimement utiliser la force que pour empêcher un individu de nuire à autrui, l’empêcher de se nuire à lui-même n’étant pas une justification suffisante. Il établit ainsi une limite au-delà de laquelle toute contrainte sociale serait illégitime. Mill réfléchit également à la liberté d’expression, affirmant qu’elle ne doit pas être limitée, tout comme la liberté de caractère permettant à chacun de développer son individualité. Il articule la recherche du bonheur avec la perfectibilité humaine et l’individualité, soutenant que chaque personne doit cultiver ses intérêts jusqu’à développer la singularité de sa propre personnalité.

La représentation politique et la démocratie selon Mill

Dans Considerations on Representative Government, Mill évite délibérément le mot « démocratie » pour éviter toute confusion. Ce texte, enrichi par un débat avec Tocqueville sur De la démocratie en Amérique, met en avant l’importance de sécuriser la représentation politique. Mill réfléchit au scrutin, au sens de la représentation, à l’opinion politique et à l’opinion publique. Il considère la représentation politique comme le régime permettant le meilleur usage des ressources intellectuelles et morales des hommes, favorisant le progrès intellectuel, économique et moral. Selon Mill, la participation active à la décision collective est essentielle pour la réalisation morale des individus. Il défend ainsi l’extension du droit de vote à tous ceux qui ne sont pas dépendants et possèdent des compétences de base en lecture, écriture et arithmétique, tout en reconnaissant une valeur épistémique élitiste où les votes des plus compétents devraient avoir plus de poids. Pour Mill, cette approche est la condition du progrès social, du respect des libertés et du développement de la vertu dans la société.

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