Le travail permet-il de prendre conscience de soi ? (correction)

Sujet corrigé : Le travail permet-il de prendre conscience de soi ?

Ce sujet était à la fois un sujet du bac philo 2013 mais aussi un sujet possible au concours commun des IEP 2014, dont un des deux thèmes était le travail.

Analyse du sujet :

Deux notions clés : travail et conscience.

– Le travail : le travail est une notion vaste qu’il faudra préciser tout au long du devoir en commençant par ces définitions classiques du travail.
– Permet-il : appelle un plan dialectique (I. II. III)
– Prendre conscience de soi : La conscience en générale est l’organisation du psychisme de l’homme qui, en lui permettant d’avoir connaissance de ses états, de ses actes et de leur valeur morale, lui permet de se sentir exister, d’être présent à lui-même. Cependant la conscience est une notion tout aussi vaste et débatue qu’il faudra préciser dans la dissertation.

Problématique :

Il faut trouver le problème qui est posé par le sujet. Pourquoi pose-t-on
cette question ? L’homme qui agit sur la nature, a-t-il ainsi conscience d’être soi ? Ou au contraire le travail ne tendrait-il pas à lui faire perdre sa conscience de soi ?

Plan :

I. Le travail permet de prendre conscience de soi

– Hegel est celui qui a le mieux théorisé la prise de conscience par le travail. Le travail pour Hegel est anthropogène : il fait que l’homme est
homme. Confronté au réel, l’homme distingue l’en-soi (c’est à dire le réel) du pour-moi (ce qu’il pense être le réel). Et mieux, par l’action,
c’est-à-dire le travail, la conscience prend conscience d’elle-même. Se manifeste par le travail le désir de transformation de la nature.

– Le travail permet même de soigner sa conscience : « Le travail éloigne de
nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin.» Voltaire dans Candide.
Par le travail, l’homme épargne à sa conscience, l’homme s’épargne des maux,
le travail garantit donc de prendre conscience de soi et garder sa
conscience intacte.

II. Mais le travail pourrait aussi lui faire perdre sa conscience de soi

– les Anciens, notamment les Grecs, considéraient le travail comme l’asservissement aux nécessités de la vie. Si le travail est seulement une basse nécessité, il n’y a pas de place pour l’épanouissement de la
conscience de soi.

– Plus grave, Marx pensait que le travail pouvait faire perdre la conscience de soi. Le travail aliène l’homme, c’est-à-dire le rend étranger
à lui même, et donc lui fait perdre sa conscience : « Le caractère étranger du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu’il n’existe pas de contrainte physique ou autre, le travail est fui comme la peste. Le travail extérieur, le travail dans lequel l’homme s’aliène, est un travail de sacrifice de soi, de mortification. Enfin, le caractère extérieur à l’ouvrier du travail apparaît dans le fait qu’il n’est pas son bien propre, mais celui d’un autre, qu’il ne lui appartient pas, que dans le travail l’ouvrier ne s’appartient pas lui-même, mais appartient à un autre. »

III. Le travail permet de prendre conscience de soi, conscience qui doit définir les limites de ce travail pour ne pas se perdre

– la dialectique du maître et de l’esclave montre bien cette ambiguïté :

Hegel, La Phénoménologie de l’Esprit : « l’esclave la transforme donc par son travail. Inversement, par cette médiation le rapport immédiat devient pour le maître la pure négation de cette même
chose ou la jouissance; ce qui n’est pas exécuté par le désir est exécuté par la jouissance du maître; en finir avec la chose; mais le maître, qui a interposé l’esclave entre la chose et lui, se relie ainsi à la dépendance de la chose, et purement en jouit. Il abandonne l’indépendance de la chose
à l’esclave, qui l’élabore.
 »

Pour garder sa conscience de soi, il faut que le travail ne rende pas esclave.

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3 réflexions sur « Le travail permet-il de prendre conscience de soi ? (correction) »

  1. A la faculté, on nous apprend que la philosophie est l’histoire de la philosophie. Par ailleurs,on dit que traiter un sujet n’est pas réciter son cours.Ici, la correction se fonde essentiellement sur les thèses de Hegel, La dialectique du maître et de l’esclave, plus difficile à comprendre qu’il n’y paraît, surtout pour des élèves de terminal, est à mon sens, peu adapté au monde qui nous entoure. Le langage de Hegel, sa reflexion, sont obsolètes et poussiéreux.,peu adaptés à la réalité concrète et actuelle d’une pensée sur le travail. Restent les concepts de conscience de soi, en-soi, pour-soi:on peut les avoir étudier en cours, les avoir à peu près compris, mais les manipuler correctement à l’épreuve du bac me fait sourire…jaune. De qui se moque-t-on?
    Marx, Voltaire, les Grecs: d’accord; mais Hegel, comme référence essentielle d’un sujet de bac, c’est désolant.

  2. Marie je me permets de te répondre. A première vue, le plan semble être contradictoire. Mais en réalité, tout est dans la nuance et la tournure de phrase. Une antithèse ne consiste pas à nier totalement la thèse énoncée, mais invite à la nuancer en présentant ici quelques conditions qui amenerait une perte partielle ou totale de conscience de soi. J’espère avoir pu t’aider

  3. Votre conception du plan dialectique me laisse perplexe .. Comment affirmer une chose puis son contraire ? Un plan déja etablit permet-il vraiment une progression de la reflexion ?
    Cordialement

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