La pensée politique après la Révolution française

La pensée politique après la Révolution française est marquée par des bouleversements profonds qui ont transformé les structures sociales et les mentalités en Europe. La Révolution, avec ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, a engendré des débats intenses et des positions diamétralement opposées ; le XIXe siècle oscille ainsi entre la peur de la violence révolutionnaire et l’espoir d’un progrès continu. Ces tensions se manifestent à travers la dualité entre optimisme et conservatisme, donnant naissance à des réflexions philosophiques et politiques marquantes. Ce cours explore les conséquences de la Révolution française, l’émergence des nations et les perspectives des penseurs conservateurs tels que Joseph de Maistre et Edmund Burke.

La révolution française et ses conséquences

La Révolution française marque un tournant majeur dans l’histoire européenne, laissant une empreinte indélébile sur les mentalités et les structures politiques. Deux tendances opposées se dessinent au XIXe siècle à la suite de cet événement : d’une part, une peur persistante d’une révolution perpétuelle, alimentée par les souvenirs de la Terreur, de l’exil des nobles et de la violence révolutionnaire. Ces éléments suscitent une méfiance envers tout soulèvement populaire, perçu comme une résurgence potentielle de ces troubles. D’autre part, la Révolution est considérée comme un point de départ pour un progrès infini, promettant émancipation, une vie meilleure et une société plus juste. La fin de la Révolution renvoie à ces promesses, jetant les bases de la modernité politique.

Cette dualité se traduit par deux courants de pensée distincts : les optimistes, qui prônent le progrès, la liberté et l’émancipation, et les conservateurs, qui défendent l’ordre, l’autorité et les traditions ancestrales. Ces deux visions s’affrontent tout au long du XIXe siècle, influençant profondément le paysage politique et social de l’époque.

L’émergence des nations et l’essor économique

Le XIXe siècle voit également l’« éveil des nations », une redéfinition des peuples en tant que sujets politiques intrinsèquement liés à l’idée de nation. Ce concept est illustré par le discours de Fichte à la nation allemande en 1807 et le texte de Renan Qu’est-ce qu’une nation ? en 1873. Durant cette période, l’Europe se structure en États-nations, avec des indépendances telles que celle de la Belgique en 1831.

Parallèlement, l’économie devient le cœur battant de l’Europe. Les manufactures se multiplient et l’économie capitaliste commence à se structurer à l’échelle continentale. La liberté de la presse, les arts et la littérature connaissent un essor remarquable, reflétant les changements sociaux et politiques en cours. De plus, l’expansion des empires, tels que ceux de la France, de l’Allemagne et de l’Empire ottoman, redessine les frontières et suscite un goût pour l’exotisme.

L’État se transforme en une autorité non seulement politique mais aussi civique et sociale. Des avancées significatives sont réalisées, comme l’acquisition progressive du droit de vote (d’abord censitaire puis universel, incluant finalement les femmes), la prise en charge de l’éducation par l’État et des réflexions sur l’assistance sociale et les institutions de santé.

Les penseurs conservateurs : Joseph de Maistre et Edmund Burke

Parmi les figures marquantes du conservatisme, Joseph de Maistre et Edmund Burke se distinguent par leurs critiques de la Révolution française et des Droits de l’Homme.

Joseph de Maistre, penseur théologique, voit dans l’émancipation révolutionnaire une mise à l’index de l’ordre divin. Pour lui, loin d’être une promesse d’optimisme, la Révolution représente une déchéance. Il défend le système de classes, l’ordre politique naturel fondé sur la coutume, les traditions et l’histoire, influençant des figures comme Baudelaire.

Edmund Burke, élu de Bristol, philosophe et homme politique, soutient les insurgés américains et redéfinit la souveraineté et la monarchie britannique. Cependant, il critique vigoureusement la Révolution française dans son œuvre Reflections on the Revolution in France. Pour Burke, le contrat social est à l’origine du politique mais, contrairement à Rousseau, il pense que ce contrat s’est historiquement développé sous la forme de la monarchie. Burke affirme que l’État monarchique britannique, avec son histoire de règles et de coutumes, incarne ce contrat social. Selon lui, la Révolution française, en remettant en question cet ordre historique et naturel, introduit des concepts fictifs et dangereux comme l’égalité abstraite des hommes et la volonté générale, menaçant ainsi la légitimité du pouvoir monarchique et des structures sociales établies.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *