Anselme – L’existence du libre arbitre (correction)

Le sujet de bac ES de philo 2013 proposait au choix un texte d’Anselme à commenter. Retrouvez tous les autres
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de 2013.

Anselme
Anselme

Prenons maintenant un exemple où apparaissent une volonté droite, c’est-à-dire juste, la liberté du choix et le choix lui-même ; et aussi la façon dont la volonté droite, tentée d’abandonner la rectitude, la conserve par un libre choix. Quelqu’un veut du fond du cœur servir la vérité parce qu’il comprend qu’il est droit d’aimer la vérité. Cette personne a, certes, la volonté droite et la rectitude de la volonté ; mais la volonté est une chose, la rectitude qui la rend droite en est une autre. Arrive une autre personne la menaçant de mort si elle ne ment.
Voyons maintenant le choix qui se présente de sacrifier la vie pour la rectitude de la volonté ou la rectitude pour la vie. Ce choix, qu’on peut
aussi appeler jugement, est libre, puisque la raison qui perçoit la rectitude enseigne que cette rectitude doit être observée par amour de la
rectitude elle-même, que tout ce qui est allégué pour son abandon doit être méprisé et que c’est à la volonté de repousser et de choisir
selon les données de l’intelligence rationnelle ; c’est dans ce but principalement, en effet, qu’ont été données à la créature raisonnable la volonté et la raison. C’est pourquoi ce choix de la
volonté pour abandonner cette rectitude n’est soumis à aucune nécessité bien qu’il soit combattu par la difficulté née de la pensée
de la mort. Quoiqu’il soit nécessaire, en effet, d’abandonner soit la vie, soit la rectitude, aucune nécessité ne détermine cependant ce qui
est conservé ou abandonné. La seule volonté détermine ici ce qui est gardé et la force de la nécessité ne fait rien là où le seul choix de
la volonté opère.

Anselme, De la concorde (XIIème
siècle)

Correction du sujet sur l’extrait du bac philo 2013 en ES :

Ce texte parle de la liberté.

Anselme a beaucoup écrit sur la notion de liberté, et notamment de libre arbitre.
La thèse ici peut être comprise dans les derniers mots d’Anselme : « la force de la nécessité ne fait rien là où le seul choix de la volonté opère« . Pour Anselme, chacun a son libre arbitre, et son choix ne peut être conditionné.

Cette conception de la liberté est celle qui sera remise en cause par exemple par Spinoza pour qui tout se déroule par nécessité.

Il tire sa démonstration d’un dilemme qu’il imagine entre mentir pour protéger sa vie, ou mourir par amour de la vérité (« sacrifier la vie pour la rectitude de la volonté ou la rectitude pour la vie« ).

Anselme établit que la liberté est indépendante de la nécessité ; la nécessité des choses n’a pas lieu où a lieu la liberté.

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