Histoire de la politique aux Temps Modernes et à l’époque des Lumières

La politique durant l’Ancien Régime et l’époque des Lumières

I. Fondements de l’Ancien Régime


A. Société et économie du monde vers 1750

– La population mondiale est de 700 millions dont 140 en Europe, un peu plus de 430 en Asie et 20 en Amérique. Le reste est en Afrique. Ce monde doit faire face à de grandes forces climatiques mal maîtrisées. On vit au jour le jour. La préoccupation majeure des Etats est de garantir la sécurité des sujets, mais leur action est limitée. Il y a relativement peu de transport, autant dans les techniques que dans les idées. D’un point de vue géopolitique, c’est la domination de l’Europe. Le monde n’est pas fini, comme l’a dit Paul Valéry en 1919, mais on sait cartographier les contours des continents. L’intérieur pause plus de problèmes.

– L’Amérique du Sud et du Nord est dominée par l’Espagne (de la Californie à la Terre de feu), le Portugal (Brésil), la France (Canada) et l’Angleterre (les 13 colonies). L’Océanie et l’Australie sont tout juste connues, principalement habitées par des aborigènes ayant des structures peu stables. En Afrique, il existe déjà des états (Ethiopie, Maroc) avec des ambassadeurs et des empires (l’empire Ottoman de l’Egypte à l’Algérie actuelle). Cependant, l’Afrique a perdu ses structures de l’époque à cause de l’expansion européenne (système d’esclaves, de comptoirs), menée par le Portugal, la Hollande, le RU, la France. L’Asie, territoire le plus peuplé, est plus protégé de la domination européenne (sauf Inde et Indonésie). L’empire ottoman s’impose sur le Moyen Orient (empire organisé et encore solide ; il déclinera sur des raisons politiques et militaires et deviendra l’homme malade de l’europe selon le tsar Nicolas 2). La Perse (Iran) n’est pas coupée du monde. Elle y est bien intégrée (lettres persanes) et c’est une plaque majeur. C’est un croisement pour les caravanes entre l’Asie et la méditerranée. L’empire des indes est dominé par l’empire mogol. L’Empire des Indes est déclinant du fait de ses divisions religieuses. La Chine se considère comme le centre du monde avec la dynastie des Tsing (1644-1911, dernière dynastie) qui fonctionne bien grâce à son administration. C’est un pays développé et respecté. Le pays est globalement ouvert sur un plan économique et culturel. Le Japon est un vieil empire qui s’est fermé pour stopper l’influence des pays européens à partir du milieu du 17ème siècle. L’empereur (le Tenno) a un pouvoir symbolique qui s’appuie sur les shoguns (les puissantes familles). Le Siam (actuel Thaïlande) est indépendant, mais ne pèse pas politiquement ou économiquement.

– L’Europe de l’époque n’a pas beaucoup changé et on trouve déjà des états dont le nom de ne changera pas (pays ibériques, France, RU, Irlande, la Scandinavie). En Europe central, il y a de touts petits territoires hérités de l’époque médiéval (St Marin, Liechtenstein) tandis que d’autres petits états se regroupent : les cantons suisses, le St empire romain germanique (360 petits états) sous la domination des Habsbourg. La Russie s’étend déjà jusqu’à l’océan Pacifique et se place en bonne relation avec l’Europe. Depuis Pierre Legrand, fondateur de St Petersburg, l’empire russe se place dans l’orbite européenne. Mais elle reste d’avantage une frontière, comme la Pologne. Ce dernier pays n’a pas de frontières naturelles, ce qui pose problème et qui change au gré des traités. En ce qui concerne l’autre point chaud, on trouve les Balkans, ils sont aux turcs et aux Habsbourg. Ces territoires ne sont pas européens au sens politique et culturel. Seule la Grèce, qui est un région, se rapproche de l’Europe par sa culture. Avec le recul de l’Empire Ottoman, de nouveaux Etats vont apparaître.
Le monde dépend beaucoup de l’Europe.

Selon Rostow, cette époque est une pré-take off. L’agriculture est majoritaire, vivrière et au maximum de sa production. Elle est à la base de tout et une simple variation chamboule tout. Les propriétaires de terres sont les gens les plus importants et fonctionnent encore dans un genre féodal. Seules quelques rares régions comme la GB comptent des propriétaires modernes. La société est donc divisée entre ceux qui ont la terre et ceux qui ne l’ont pas. Le grand propriétaire est le relais du pouvoir. Celui qui n’a rien n’a pas de pouvoir politique légal. L’agriculture est céréalière et fournit l’impôt, très inégal.
Les activités industrielles sont artisanales et mal développées. Elles sont concentrées dans les villes. Le textile, le verre, les arsenaux, la porcelaine sont les plus intégrés dans ce nouveau système. On ne fait pas seulement la guerre. Le commerce se développe entre les continents (commerce triangulaire, Inde, Asie). Le bénéfice est toujours en faveur de l’Europe et des grandes villes comme Bordeaux. Le commerce est tout de même géographiquement limité, surtout pour les petits producteurs. Les marchés sont locaux (les foires). Il y a une peur de vente aux grands larges (peur du manque de la soudure entre une récolte et une autre), ce qui gonfle les prix (en juillet 1789, le prix du blé est au plus haut). 75% de la population vivent de l’agriculture. L’espace rural est fractionné et les villes sont de petites tailles (<10 milles en moyenne). Paris, Londres, Amsterdam, Constantinople, Naples, Pékin, Tokyo comptent plus de 500 milles habitants. Les sociétés fonctionnent généralement avec une société d’ordre et seul le clergé est véritablement organisé. Elles sont profondément inégalitaires.

  • Le clergé (le mieux organisé) bénéficie d’avantages (exonérations fiscales, perception d’impôt tel que la dime) grâce à ses liens avec la noblesse (8% des terres par exemple) puisque les rois sont sacrés. Le clergé est divisé entre le haut et le bas clergé ; le séculier et le régulier. Le haut clergé est riche, noble et critiqué. Ils vivent près de la cour. Le bas clergé et régulier a un véritable prestige auprès du peuple. C’est particulièrement vrai avec l’orthodoxie. Dans la quasi-totalité des pays, une seule religion l’emporte. En France et en Espagne, c’est le catholicisme. Puis, on trouve l’orthodoxie (Russie, Grèce),…
  • La noblesse s’accorde à la naissance. Elle est héréditaire et possède les terres, le prestige culturel, administratif et militaire. L’anoblissement est rare, mais possible. Cependant, cela rend difficile de compter exactement le nombre de nobles. C’est le Tchin en Russie qui reconnaît un talent (culturel ou intellectuel). Le père de Lénine provient du Tchin administratif. En France, les nobles sont entre 100 et 500 milles nobles (1,5% de la population). On distingue la noblesse de robe et d’épées, mais ça n’a pas quasiment plus d’intérêt parce qu’ils ne font plus vraiment la guerre. Le pouvoir noble s’effrite face à la montée des bourgeois qui s’enrichisse et qui prend plus de place. Les nobles vont devoirs protéger leurs avantages (les droits de justice, perception d’impôt, propriétaire terrien,…). La haute noblesse vie à la cour. La moyenne gère les domaines en province et organise des spectacles. La petite est plus misérable, plus locale et partage le monde du Tiers-Etat.
  • Le Tiers Etats se compose des roturiers des villes (la bourgeoisie qui s’est développé en rêvant d’imiter la noblesse : snobisme), ceux-ci ont la culture de l’efficacité et ceux sont eux qui payent les impôts, souhaitant passer d’un rôle économique à un rôle plus politique ; dans ces roturiers, il y a aussi le peuple des villes, les manufactures, la plèbe (journaliers, domestiques, marginaux, un monde violent aux conditions de vie difficile) ; les roturiers des campagnes avec un monde non libres (les serfs en Europe centrale et orientale, le servage peut être un cadeau entre les nobles, sans compter les esclaves, en Asie notamment) et libre. Il s’agit des ouvriers agricoles (brassiers), les fermiers, peu de paysans propriétaires les métayers. Les inégalités sont donc profondes. 99% des ruraux sont des paysans. Dans un pays comme la Russie, le tsar se sert du servage comme cadeau à des administrateurs qui ont bien fait leur travail.


B. Vie culturelle et religions

La culture repose évidement sur la religion. Ces religions ont des implications dans la société.

– Le judaïsme se fonde sur la Torah (genèse, l’exode, lévitique, le deutéronome, l’ancien testament,…), le retour du Messie et se complète du talmud (10 commandements). Les juifs sont dispersés (diaspora). Ils sont 5 à 6 millions. Les sépharades sont majoritairement autour de la méditerranée et les Ashkénazes sont ailleurs. Les juifs sont regroupés en ghetto, en premier à Venise. Ils sont tolérés, amis déjà beaucoup sont victimes de l’antisémitisme. Des pogromes sont organisés, notamment en Russie (massacres de familles juives). La plupart du temps, ils sont enfermés dans le quartier (le premier ghetto de Venise, mais aussi à Vienne).

– Le christianisme admet l’ancien et le nouveau testament. Jésus est le Messie. Il y a trois branches :
les orthodoxes (1204 : sac de Constantinople) sont dans les Balkans et en Russie (Moscou : troisième Rome, symbole identitaire : Sainte Russie) et sont environ 80 millions. Ils pensent avoir la droite opinion ;
le catholicisme (catholicos : universel en latin) reconnaît le pape comme héritier de st Pierre, le Concile de Trente (1545-1563, renouvellement du dogme chrétien jusqu’en 1962 pour le Concile Vatican 2), il est ouvert au monde et à l’Europe, elle est missionnaire et active (Amérique latine, Asie), les jésuites ont une très forte influente, ils sont près de 250 milles en France. Le clergé est très bien organisé et on retrouve le clergé blanc/noir et séculier/régulier ;
le protestantisme (16ème siècle : réforme de Luther et de Calvin) qui conserve la foi, la prédestination, le contact étroit avec la bible, la faible puissance du clergé (le pasteur donne simplement des conseils), ils sont présents en Allemagne, en Suisse (calvinisme), en Hollande (calvinisme), en Scandinavie, peu en France (édit de Nantes tolérés, puis révoqué par Louis XIV les obligeant à se cacher), en Angleterre ;

– L’Islam assume l’ancien testament, Médine, La Mecque, Allah, Mahomet, c’est une religion conquérante et très stricte, cette religion occupe en 1750 le proche et le moyen orient, ainsi que le sud de l’Europe (Albanie, Bosnie), en Perse, en Inde (Pakistan, Bangladesh) et en Indonésie. Elle est divisée entre les sunnites (90%) qui respecte le commandeur des croyants et le chiisme (10%) qui respecte le shah (roi), las mollahs et les ayatollahs. Ces derniers sont plus en Perse (Iran).

– Les autres religions sont :
l’hindouisme (il faut progresser, l’âme migre des hommes vers les animaux, système de castes comme les brahmanes pour les prêtres)
le bouddhisme grâce à un illuminé appelé bouddha qui a atteint le nirvana (sud-est de la Chine, le Tibet, en extrême Orient). Chacun arrive à se perfectionner. Il est divisé entre le bouddhisme tibétain du Dalaï-Lama et un autre en dehors imprégné du zen et des arts martiaux japonais.
le confucianisme et le taoïsme grâce à maître Kong (l’accent est mis sur le Ying et le Yang, philosophie, l’harmonie)
le shintoïsme (religion officielle du Japon) qui se base sur la nature et le culte des ancêtres (l’empereur est le descendant de la déesse soleil). 1868 : ère Meiji (jusqu’en 1945) : relation officielle
L’animisme : sacralisation des forces naturelles. En Afrique, les shamans expliquent les religions basés sur la nature, communiquent et guérissent.

– Trois niveaux culturels (dont le franchissement n’est pas insurmontable, car les livres circulent, les rites sont communs, le théâtre est pour tous,…) :
Culture populaire, de masse, orale, vestige de l’histoire (mémoire collective), traditions, contes. L’effet des Lumières va la tourner vers l’avenir. Elle est soudée, chacun y trouve sa place. Cette culture s’appuie sur les carnavals, les romans, les images (les estampes, les images d’Epinal), les danses, la fréquentation des cafés, les jeux de hasard, les salles de spectacle. On suppose des rites de passage, sociaux et religieux, avec des caricatures (femmes au foyer et hommes à la chasse)
La culture de l’élite avec la lecture des auteurs classiques, l’écriture. Elle se retrouve avec les honnêtes hommes (la bourgeoisie des villes) à la recherche du prestige social. On l’acquiert dans les collèges et les universités d’Allemagne, de RU ou de France (les jésuites de Louis Le Grand), avec les aristocrates. Vers 1860, il existe 300 collèges de garçons.
Culture savante dans les salons d’où naît le mouvement des Lumières, les hommes de lettres, les philosophes. Le plus important est Voltaire. Au 18ème siècle, le livre fait mieux circuler les idées. Qui sont ces gens de lettres ? Pas que des philosophes. Ce sont des personnalités qui ont des talents dans tous les domaines (sciences, musiques,…), l’ensemble des champs du savoir. La France et le RU sont particulièrement bien dotés. Le magazine de la France littéraire récence en 1784, 2819 hommes de lettres. La plupart sont en France. Quels sont les lieux ? Les salons animés par Madame Geoffrin (le plus célèbre), de Madame Necker,… On trouve les académies, les salons de peinture, les opéras, les palais royaux,…

C. Vie politique

– Le concept de nations et de frontières est très rare. Il évolue au gré des mariages, des conquêtes, des traités,… Ce ne sont que des symboles abstraits qui ne reflètent pas l’étendue du pouvoir. Cependant, ils sont en marche autour d’une même langue et d’un patrimoine commun et d’une religion commune. C’est pour cela qu’on put émergé une nation suisse, norvégienne. En ce qui concerne la nation britannique, elle est facile du fait que c’est une île.
Le concept d’Etat (ensemble d’institutions) existe bien grâce à l’héritage religieux, au souverain. Celui-ci possède l’autorité et les fonctions exécutives et législatives. Il est garant de la monnaie et de la sécurité. L’Etat se personnalise par ses fonctions (pouvoir, garant de l’ordre intérieur et extérieur, battre monnaie, une dynastie comme les Bourbons, les Habsbourg, les Romanov). On observe une personnification, voire une confusion entre l’Etat et le roi (« l’Etat c’est moi », Louis XIV au parlementaire, 1655). Pour ce qui est des régimes politiques, on a des monarchies et quelques républiques (Venise) qui sont en réalité des oligarchies. Les autres sont des monarchies.
Ces états vont affronter le passage à la modernité. Les Etats vestiges au 18ème siècle sont surtout le St empire romain germanique qui survit jusqu’à Napoléon grâce à une sécurité interne, et l’empire ottoman qui va s’effondrer (système de conquête en berne depuis le 15ème siècle, pas de structure stable pour recevoir les tributs des territoires conquis, armée en recul). Face à ces vestiges, il y a des Etats modernes.

– La France est moderne, mais économiquement archaïque. Elle est hachée de frontières internes (taxes entre les régions). Il y a même de différence de monnaies entre régions. (16 jours de long d’un bord à l’autre). La barrière se fait aussi sur la langue malgré l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 qui impose le français de la renaissance (impact sur les divisions culturelles). On constate aussi des impositions différenciées, des infrastructures différentes. La France s’unie tout de même autour d’un roi qui s’entoure de nombreux conseillers, des institutions (héritage de Louis XIV), de ministères, de conseillers en justice, de police et de finance. Le nombre des conseillers n’est pas fixe, mais ils sont tous nommés par le roi. En plus de cet entourage, le roi s’appuie sur des administrations régionales (les intendants). Il existe une volonté d’unification du territoire grâce à 13 parlements (sans pouvoir). Mais elle se heurte aux lacunes de l’administration fiscale (les impôts sont très mal collectés). Le collecteur (fermier général) doit se déplacer et les paysans ne sont pas tous collaboratifs. Dans les campagnes, les paysans et les nobles sont les premiers à refuser.

– La Grande Bretagne est très bien développée. Elle a déjà fait sa révolution (Cromwell en 1642-1660 et les glorious revolution entre 1688-1691) et les vestiges féodaux ont disparu. Charles Ier est le premier à perdre sa tête. Le gouvernement militaire est même soumis au civil. Jacques 2 succède à son frère Charles 2. Jacques 2 souhaite un retour à l’absolutisme (glorious révolution). Ne voulant pas de son fils, le parlement appelle Guillaume 3. Ce dernier est obligé d’adopter en 1689 le Bill of Rights (pouvoir du parlement, respect de la monarchie). Pour J. Locke, le pouvoir doit reposer sur l’appui du peuple, représenté par le parlement. Ça rend le pouvoir légitime. Sur le plan administratif, le roi s’entoure de cabinets. Les ministres, dirigés par le premier ministre, sont responsables devant le roi. Il doit s’accorder avec le parlement pour faire passer une loi, ce qui signifie qu’il doit trouver une majorité. Le parlement est divisé entre les Tories (pour un gouvernement et un exécutif forts, conservateur) et les Whigs (pour des réformes, pour le parlement, les libéraux et la majorité de l’époque). Ce parlement date de 1215 avec la Magna Carta. Il fonctionne sur le bicamérisme entre la Chambre des Lords (pères spirituels) et la chambre des communes (élections tous les 7 ans, suffrage censitaire, 200 milles électeurs). La chambre des Communes fait la loi, consent l’impôt, ce qui veut dire qu’elle est très peu contestée. Le principe d’indépendance judiciaire et d’inamovibilité des juges sont respectés (parfois à responsabilité locale dans les comtés). Les jurys fonctionnent très bien. Le self Government garde la séparation et la décentralisation des pouvoirs.

– En ce qui concerne les relations internationales, l’art de la diplomatie s’est considérablement développé. Les états se reconnaissent par des ambassadeurs, des lettres de créance. Une certaine hiérarchie s’installe entre les états. Certains ont une responsabilité. C’est le cas des grandes puissances militaires tels que la France, l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse et la Russie. Pour maintenir des équilibres, ils créent des alliances. Ces alliances ne marchent pas toutes, puisque le 18ème siècle est le siècle des guerres. Par conséquent, les découpages territoriaux évoluent (annexion). Par exemple, la France acquiert la Lorraine et la Corse. Les guerres sont aussi maritimes, surtout dans les Antilles (îles à sucres et à tabac). La volonté d’équilibre est toujours dans le fond de la scène internationale.

II. Les Lumières


Lumière, Aufklärung, Enlightenment, Illustracion > phénomène européen puis mondial. La raison nous donnera un avenir meilleur.


« Les Lumières sont ce qui sortir l’homme de la minorité qu’il doit s’imputer à lui-même. La minorité consiste dans l’incapacité ou il est de se servir de son intelligence sans être dirigé par autrui. Il doit s’imputer à lui-même cette minorité quand elle n’a pas pour cause le manque d’intelligence, mais l’absence de la résolution et du courage nécessaire pour user de son esprit sans être guidé par un autre. Aie le courage de te servir de ta propre intelligence ! Voilà donc la devise des Lumières : Sapere aude. » – Kant

A. Une philosophie et une pratique


– C’est l’émergence de la raison pour atteindre le bonheur terrestre en rejetant les préjugés religieux et les traditions obscures. Ce n’est pas nouveau : Spinoza, Descartes,… Le système rationnel doit primer (système cartésien). La philosophie veut rejeter les choses dont les autres hommes ne doutent pas. La philosophie s’appuie donc sur les outils de la renaissance :
Les mathématiques (Newton, Leibniz,…)
L’expérience et la reproduction d’une expérience (physique et chimie)
Il doit y avoir une application concrète des connaissances pour être au service de la société et du progrès. Franklin va créer le paratonnerre, Watt développe la machine à vapeur,… La philosophie doit avoir un rôle dans le progrès du développement de la civilisation. Ce mot apparaît d’ailleurs à cette époque (civis = citoyen). Le philosophe pense que l’homme est bon et qu’il est perfectible. Il a le droit au bonheur. Il peut se tromper et doit être guidé par la lumière et le sens critique. « La critique est un pilote habile qui conduit à la vérité. » Marmontel. « Notre siècle est particulièrement le siècle de la critique à laquelle il faut que tout se soumette » Kant. La grande différence de la renaissance c’est que tous les domaines doivent être mis à critique, y compris la grandeur de la foi et la majesté du roi. L’idéal des Lumières est également une dynamique de la découverte des autres mondes (histoire des voyages de l’abbé Prévost, 1759). On utilise le regard de l’étranger (le persan, l’égyptien. L’outil le plus utilisé par le Lumières est le dictionnaire et l’encyclopédie, toujours pour accumuler le savoir.

– La religion est véritablement liée à l’obscurantisme et il convient de voir ce qui est vrai. L’inquisition va être démantelée (Voltaire, Montesquieu,…). Les représentants de la religion sont tout de même plus critiqués que la religion elle-même. L’affaire Calas est un exemple. Jean Calas est accusé à tort de la mort de son fils. Voltaire obtient sa réhabilitation en 1765. Mais se poser des questions sur la religion ne veut pas dire repousser la religion. Le principe divin est admis. Ils sont tous plus ou moins déistes. « Le grand horloger » (cf Voltaire). Les Lumières sont pour le principe de la tolérance.

La franc-maçonnerie gagne du terrain en particulier chez les intellectuels (Mozart).


B. Manifestations de l’esprit des Lumières

– Les Lumières se basent sur les sciences modernes. L’accent est mis sur la science de la matière pour rendre le monde intelligible (eau, terre, air, feu). Se développent les réflexions sur les sciences humaines (classification des plantes). L’histoire est une véritable passion par les philosophes. La réflexion sur le devenir humain est à l’honneur, comme sur les sociétés humaines. Voltaire réfléchit sur les mœurs, car les sociétés vont en s’améliorant (civilisation des mœurs). On redécouvre des documents d’archives pour augmenter les travaux sur l’histoire et le patrimoine. Cela augmente le succès des fouilles (Pompéi, les moines bénédictins) Le progrès est un moteur. Puis, les philosophes se penchent sur l’économie dans l’école physiocratique (Turgot, Quesnay) où la terre est la principale richesse (il faut soutenir la mise en culture et les découvertes) et l’école d’Adam Smith (1776) où la richesse provient de l’industrie et du commerce. Ce sont les libéraux. Pour eux, chaque individu est un élément moteur de la société qui progresse. L’intérêt général est la somme des intérêts particuliers (liberté de l’entrepreneur). Ensuite vient l’Etat. Les philosophes ne le loupent pas. Ils sont programmatiques. Pour Montesquieu (l’esprit des lois en 1748), il doit y avoir une action. Il en est de même pour Blackstone (commentaire sur les lois d’Angleterre, 1765). Ils réfléchissent sur la perfection des régimes et le meilleur semble être le britannique : une monarchie parlementaire. La séparation est à la base de tout.

– Trois courants politiques chez les lumières :
Le changement graduel, les réformes : le despotisme éclairé. L’exécutif doit rester fort. Il revient au monarque de diriger les individus, avec l’aide des philosophes. Exemple : Voltaire et Frederick 2 de Prusse, Diderot et Catherine 2. C’est le courant le plus important.
Les radicaux, il faut aller plus loin, pour le peuple. Le sujet doit devenir un citoyen. C’est le cas de Paine en Angleterre. Ils sont minoritaires.
La pensée sociale, le politique n’est qu’un élément de l’organisation collective. L’économique et le social sont les plus importants. Toutes les activités humaines sont liées. Réfléchissons sur la notion de possession. Rousseau y pense dans un contract social.

– Enfin, la période est riche en art. On découvre ou on redécouvre des pays (goût de l’exotisme). C’est le cas de l’Egypte, de la Polynésie, de Tahiti. On réaménage les jardins en Angleterre et au Japon (en France c’est le cas de plus longtemps). Cette nature est mise dans l’art et les peintures (natures mortes). On essaye de retrouver la pureté de la nature, des sentiments (le romantisme), des origines (les vertus). Mais c’est la redécouverte de la Grèce qui donne toute sa puissance au classicisme avec Jacques-Louis David et le serment des Horaces, 1785. Ce tableau raconte l’histoire de la guerre entre Rome et Albe. Chaque cité avait désigné un champion : les Horaces et les Curiaces, deux familles unies par des mariages. Le tableau représente le moment où les Horaces prêtent serment à leur père. On y voit aussi Camille, l’une des sœurs, mariée à l’un des ennemis. Le passé médiéval attire également quelques curieux, mais plus au 19ème avec le romantisme. C’est le sentiment national que cela permet.

Attention, les lumières n’ont pas touché toute la population. Les idées se sont diffusées lentement et sont restées souvent du côté des élites (peu d’éducation). Mais le livre circule (l’encyclopédie – dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert).

C. Conséquences et effets des Lumières

On peut compter trois effets immédiats :

– Début de la révolution économique qui a commencé dans l’agriculture (développement des semences, perfectionnement des outils, développement de l’agronomie, fin de la jachère). Les champs vont être clos pour délimiter la propriété (début de la rente foncière). Cela vient de Grande-Bretagne : l’enclosure. Puis, puisqu’on a besoin de capitaux, c’est le développement économique. Arrivée des banques pour financer l’agriculture et transporter les productions. La bourgeoisie marchande va donc avoir son rôle à jouer également.

– Les Lumières vont réhabiliter les sentiments et modifier les rapports avec des trois acteurs sociaux : les femmes (ils vont tenir des salons littéraire, elles vont être instruites. Exemple de Mme. Roland, Mme. Necker et Condorcet va publier l’admission des femmes au droit de cité) ; les enfants (ils sont moins considérés comme de la main d’œuvre, il faut les éduquer d’après Rousseau dans l’Emile, 1762ou encore Condorcet qui publie 5 mémoires sur l’instruction publique, 1791) ; les peuples colonisés (ils ne sont pas forcément primitifs, ils ont leur culture d’après l’abbé Raynal dans histoire des deux inde, 1770, véritable encyclopédie contre le colonialisme).

– Conséquences sur le plan politique avec la notion de l’identité nationale. Le retour sur le passé et les origines est à l’honneur pour définir les nations et retrouver les identités des peuples. Ce sont des mouvements identitaires. Certains peuples doivent être rassemblés dans une même communauté (nation allemande). Dans l’empire autrichien, des peuples vont vouloir s’émanciper. La nation polonaise va survivre grâce à certain livres. Le concept d’Etat devient plus rationnel. Il transcende le souverain. « Je suis le premier serviteur de l’Etat » (cf Frédéric II). Si on sépare le souverain de l’Etat, est-ce qu’un Etat sans roi peut fonctionner. Les codes juridiques et les institutions doivent être simplifiés (des délits et des peines par Cesare Beccaria, entre 1764 et 1766, qui se penche même sur la torture, docteur Guillotin et sa réflexion sur la justice proportionnée et l’administration des peines). Le droit doit être moins arbitraire. Les sujets ont le droit d’être protégés et peuvent intervenir en politique. Le bonheur du peuple (service publique) et la bonne gouvernance sont les nouveaux projets à la mode. « Je veux faire de la philosophie, la législatrice de mon empire » (cf Frédéric II qui lancera un impôt foncier, une réforme religieuse pour tolérer les minorités et limiter leur pouvoir d’influence, abolition de la torture judiciaire et du servage sur les domaines de la couronne, réforme pour la tolérance des minorités religieuses). Le souverain garde quand même le monopole des réformes. Tout cela dans le but d’unifier l’Etat.

En France, les réformes s’enchaînent également (1790 environ) sous l’initiative de Louis XV et de Necker (ministre de l’économie) même s’il connaît de nombreux obstacles. L’Etat français n’a pas assez de moyens pour faire appliquer ces réformes. La survie de l’absolutisme en dépend.

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